Non je ne suis pas fan de l'Egypte!!
Au début des temps primordiaux, il n’y avait rien. Au commencement était le Noun, Photo, les Eaux primordiales. Pas un son, pas une lumière, rien d’autre que le silence, les ténèbres et le vide. Avant la création, l’univers se composait uniquement de ces eaux cosmiques, sorte de soupe primitive :
" Lorsque le ciel n’avait pas pris naissance, alors que les hommes n’avaient pas pris naissance, lorsque les dieux n’avaient pas été enfantés et que même la mort n’avait pas pris naissance."
Ces eaux étaient le Noun, Père des dieux, l’ancêtre de tout ce qui allait devenir. Le terme de Noun pourrait se traduire par le non-être, le néant, ce qui préexiste avant toute chose et qui n’existe pas. C’est l’opposé du monde créé et organisé, c’est le chaos et le désordre.
Mais le Noun abritait en son sein une formidable potentialité et il contenait en lui toutes les virtualités et les germes en attente de création. Cette force se matérialisait par un être, lui aussi inerte et inconscient : le démiurge, le un unique. Ce dieu créateur, mystérieusement, allait sentir la vie s’agiter en lui. Et logiquement, cette mutation allait entraîner la dissociation du Noun et du démiurge. Ayant pris conscience de cette vie qui s’animait en lui, le démiurge commença son acte créateur en se forgeant lui-même un corps tangible. En effet, n’ayant ni père, ni mère, sa naissance fut un peu brutale : il est venu à l’existence lui-même, sans père ni mère, disent les textes.
Mais que devint le Noun une fois le monde créé ? Simplement, il fut repoussé aux lisières du monde et resta ce qu’il était avant : un espace inhospitalier, dangereux, agité par une multitude de forces malfaisantes qui menaçaient à tout moment de perturber le monde organisé.
Hérodote rapporta une croyance à ce sujet :
" Le Nil subit des crues parce qu’il naît de l’Océan qui, lui, entoure de ses eaux la terre entière."
On disait que c’était dans le Noun que le soleil se plongeait chaque soir avant de renaître victorieux à l’aube. En effet, le Noun abritait le monstrueux serpent Apopis dont la tâche était de faire échouer la course de la barque solaire. Dans le Noun, encore, venaient échouer les âmes errantes qui n’avaient pu rejoindre le royaume d’Osiris. L’équilibre du monde était donc en perpétuel danger : le chaos pouvait à tout moment reconquérir le monde organisé. Les textes eux-mêmes étaient très clairs à ce sujet :
" La plaine sera endiguée, les deux extrémités du monde seront réunies et les rives se rejoindront, les routes deviendront impraticables aux voyageurs, les pentes seront détruites pour ceux qui voudront partir."
Nous verrons, plus loin, que cette possibilité latente d’une extinction du monde va façonner le mode de pensée égyptien et que leurs croyances seront empreintes de rituels, d’actes et de symboles dont la finalité sera de préserver, à chaque instant, cet équilibre voulu par le démiurge. Toutes les conceptions religieuses qui vont naître en Egypte se fondent sur un concept unique et commun : l’existence du Néant qui abrite une force créatrice. Dans des régions qui vont acquérir, chacune à leur tour, une notoriété essentielle, des prêtres vont enseigner une cosmogonie qui leur est propre.
Ainsi à Héliopolis fut élaborée une cosmogonie dite cosmogonie héliopolitaine. Les prêtres héliopolitains imposèrent le dieu Rê-Atoum, Photo, et ils se distinguèrent dans leurs spéculations théologiques par la profondeur de leurs rituels qui touchèrent le pays tout entier. Ce fut, de loin, la cosmogonie la plus humaine.
A Memphis, le dieu Ptah, Photo, disputa la place à Rê d’Héliopolis. Cette cosmogonie memphite, nettement plus intellectuelle, fut aussi la plus abstraite.
A Thèbes, une humble divinité locale, Amon, Photo, fut élevée à la fonction de dieu dynastique et l’on doit la création d’un nouveau thème, la cosmogonie thébaine, à la politique active de ses prêtres divins qui la propulsèrent au rang de divinité impériale
A Hermopolis, le dieu Thot, Photo, fut élevé à la dignité de dieu suprême et ses prêtres élaborèrent la cosmogonie hermopolitaine composée de la divine Ogdoade, substance du dieu Thot.