[tarot de Marseille] La Force

LA FORCE:
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Moyen du Tarot (11, la moitié de 22), La Force ne semble pas innover et ce pour la première fois depuis le début du jeu. Ce "onze" semble plutôt être une "zone" où se réunissent certaines singularités. Comme Le Chariot, La Force n'a pas de point marquant l'espace entre les mots. Comme La Justice, c'est une allégorie, une image dans l'image. Comme Le Chariot et La Justice, La Force est composée de "lettre unique", toutes ses lettres sont différentes. "Le Mat", son arcane complémentaire viendra conclure ce quatuor singulier.
Cette Force est alors celle de réunir. D'ailleurs à dessin, nous voyons pour la première fois force humaine et force animale réunies, en contact direct. Une force, mais pas d'effort! Où est la Force, qui est forcé ?
De plus, l'animal est-il vraiment distinct du personnage ? Il semble prendre naissance à l'intérieur de la robe. La force intérieure, ainsi suggérée, permet visiblement certaines réalisations, car remarquons l'absence de sol. Non seulement par sa force on peut dire du personnage illustré "qu'il évite" la violence, mais aussi, "qu'il lévite" !
Muni de poignets de force, le personnage nous signifie aussi une prise en mains énergique de l'être inférieur, l'animal. L'être inférieur est aussi à entendre comme "lettres du bas", le nom des arcanes. Cette force qui élève se fait en s'élevant au-delà de l'apparence en lettres, par la langue des oiseaux (évoquée par "le lion d'or", célèbre ancienne enseigne d'hôtels signifiant "au lit on dort") et les anagrammes. L'approche complémentaire en nous révélant "clef à or" derrière "La Force" et "métal" derrière "Le Mat", déjà signifiait une véritable alchimie dans la zone de lettres.

Dans le tarot de Marseille, la Force est figurée par une femme qui maîtrise un lion, contrairement à d’autres jeux de tarots et aux représentations cabalistiques de l’astrologie ancienne, qui, eux, reprennent le mythe de Gilgamesh ou d’Héraklès. Mais une femme fait mieux comprendre qu’il ne s’agit pas de démontrer sa force physique, mais de dompter ses instincts, de les dominer par l’esprit. Elle ouvre la gueule du lion mais ne le tue pas, car comment vivre sans l’autre partie de soi-même ? Gilgamesh, en affrontant le taureau sauvage, ou Héraklès, le lion de Némée, prend conscience de ses instincts vitaux et les domestique. C’est pourquoi le mythe de Gilgamesh continue à vivre dans cet arcane du tarot.

Le Bateleur, en arrivant à cette carte, va devoir, comme Gilgamesh, triompher par l’esprit de la partie animale qui reste en lui.

Survivances populaires.
Le moine et le lion :

Avec les années, les mythes se dégradent. L’influence de la religion dominante les mutile également. La légende de saint Jérôme cependant garde beaucoup de parenté avec celles de Gilgamesh et d’Héraklès. Ce moine lisait Cicéron le jour et Platon la nuit, dit Jacques de Voragine dans La Légende Dorée. Il vivait à Bethléem, dans un monastère. Un jour qu’il se promenait avec d’autres moines dans la cour du couvent, un lion vint vers eux en boitant. Tous s’enfuirent, sauf saint Jérôme qui accueillit le lion comme un invité et le soigna en lui retirant de la patte l’épine qui le blessait. Par la suite, le lion le suivit partout comme un animal apprivoisé ; il gardait les ânes, les conduisait et les ramenait des champs, comme un chien fidèle. Quand saint Jérôme s’éteignit, le lion mourut à la même minute, en 390 de notre ère. L’histoire rappelle que les désirs et les instincts servent à ceux qui les dominent.

Héraklès en Provence :

Beaucoup de sources et de lieux-dits portent le nom de ce héros de Provence : la source d’Hercule, la pierre d’Hercule, etc. Dans une légende du pays avignonnais, Hercule, c’est-à-dire Héraklès dans les pays de civilisation romaine, rend de multiples services au peuple provençal et surtout le délivre d’un géant aux cent mille bras qui barrait la route de Marseille à Aix-en-Provence. Au cours de cette lutte, le héros, sentant ses forces diminuer, appelle à son secours Zeus. Celui-ci lui envoie un vent terrible, venant du Nord (le mistral) qui fait tomber une pluie de pierres sur le lieu du combat. Hercule s’en sert comme projectiles et tue le géant en un endroit où les hommes reconnaissants bâtissent une ville. Pour ce faire, Hercule leur apprend à construire des maisons qui résistent à ce vent dévastateur. Cette légende date du XIIé siècle et raconte ainsi la fondation d’Avignon. Comme quoi le mistral peut parfois rendre des services !

On trouve plusieurs liens avec le bateleur
la forme du chapeau le fait que le geste de "la force" ressemble à un geste d'épreuve de force que l'on trouvait dans les foires.
S'agit-il d'un lion ou d'un chien ?
la robe à lacet sur la poitrine rappelle l'idée de tension la "dame" semble posséder des bracelets de force très prisé dans les foires.


sources:le tarot animé, le tarot de Marseille,Wikipédia et moi